Nourrir son microbiote
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Par Anne-Marie Gagné Dt.P Diététiste/Nutritionniste pour notre partenaire, Service Alimentaire Gordon
Le microbiote intestinal, soit l’ensemble de la population microbienne qui habite notre intestin, est un sujet de plus en plus étudié par les chercheurs scientifiques. Vous avez peut-être entendu l’appellation flore intestinale dans le passé. Maintenant, le microbiote et le microbiome, aire de vie du microbiote, sont les termes utilisés pour désigner les 100 000 milliards de bactéries dont environ 160 espèces différentes qui nous habitent.
En effet, il semblerait que la diversité de notre microbiote serait acquise dans le temps et ce depuis notre naissance. Le type de naissance, le fait d’allaiter ainsi que l’hérédité joueraient un rôle important sur la composition de notre écosystème intestinal. Ainsi, un bébé né par césarienne aurait une population microbienne bien différente d’un bébé né par voie naturelle. Or, il nous est impossible de modifier le passé, donc attardons-nous davantage sur un facteur qui influence notre population microbienne actuelle: notre alimentation.
Microbiote : renforcer son système immunitaire avec de « bonnes bactéries »
Tout le principe de l’influence du microbiome repose sur le fait d’avoir davantage de « bonnes bactéries » dans notre intestin que de « mauvaises bactéries ». Avoir une importante quantité de « bonnes bactéries » ainsi qu’une grande variété d’espèces qui tapissent nos parois intestinales permettrait de renforcer notre système immunitaire et même possiblement, de prévenir certaines maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète, la maladie de Crohn, le syndrome métabolique et autres. La causalité de la composition du microbiome et des maladies chroniques reste à investiguer plus en profondeur par nos scientifiques, mais il s’agit d’une avenue très prometteuse.
Chose certaine, le style alimentaire occidental nord-américain aurait une influence négative sur la composition du microbiote. Une trop grande consommation de bœuf entraînerait une hausse de la quantité de « mauvaises bactéries », plus précisément des clostridies. La friture serait également défavorable à la composition du microbiome. Le végétarisme quant à lui serait au contraire davantage associé à la composition d’un microbiote sain.
Quels aliments prioriser ?
Selon les recherches actuelles, les aliments spécifiques à prioriser seraient les suivants:
- Les grains entiers: Pain de blé entier ou de farine entière, gruau, céréales à l’avoine, quinoa, orge, millet, boulgour, sarrasin, riz sauvage, craquelins de grains entiers, pâtes de grains entiers
- Les fruits et légumes: Fruits entiers frais, fruits en conserves, salade de fruits, fruits congelés, compote, légumes frais, légumes surgelés, légumes en conserve
- Les noix: amandes, cajou, noix de Grenoble, noisettes, noix de Macadam, pacanes, noix du Brésil, pistaches, arachides
Les fibres contenues dans ces aliments sont les plus rapidement fermentées dans le côlon et représentent le meilleur moyen de maintenir et de favoriser une population bactérienne saine dans l’intestin. De plus, les fibres et les nutriments phytochimiques que consomment les bactéries intestinales produisent entre autres un type de gras qu’on appelle butyrate. Ce fameux butyrate serait en mesure de stimuler le système immunitaire, aurait des propriétés anti-inflammatoires et possiblement même anti-cancéreuses.
En contrepartie, d’autres facteurs viennent influencer négativement notre microbiome. La prise d’antibiotique et l’exposition aux toxines, comme par exemple la cigarette, sont deux facteurs qui ont un grand impact sur notre diversité microbienne. Grâce à la science, nous savons désormais qu’il faut limiter la prise de médicaments lorsque c’est possible, laver nos mains plutôt que d’employer un gel antibactérien et augmenter notre exposition à l’environnement naturel en limitant l’aseptisation excessive, pour favoriser la diversité de notre microbiome.
En conclusion, le développement de la recherche en lien avec le microbiote intestinal est à suivre de près. À l’avenir, le microbiome et les facteurs qui l’influencent seront peut-être la pierre angulaire pour prévenir, voir traiter de nombreuses maladies.
Et vous, prenez-vous soin de votre microbiote ?