Un appel à la solidarité

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Un appel à la solidarité

Notre dernière campagne publicitaire a énormément résonné, non seulement en moi, mais chez bien des gens je crois, car un mois après sa première diffusion, j’en entends encore les échos. En effet, cet emballement populaire signifie pour moi qu’elle a atteint son objectif ; elle a touché le public en éveillant en eux un sentiment se situant entre l’étonnement et la compassion. Car oui, cette campagne publicitaire est beaucoup plus qu’une simple campagne : c’est un appel à la solidarité… qui nous concerne TOUS. Dans un contexte pandémique où règne le flou, où les contraintes divisent et les faiblesses catégorisent, nous avons bien compris qu’il est impératif d’agir pour unir, pour rassembler et s’entraider.

Comme vous le savez, la cause des aînés me tient énormément à cœur. Plus que cela, elle est la raison pour laquelle j’ai désiré créer une entreprise dont la vocation lui est destinée. J’ai toujours espéré un avenir à la hauteur du mérite de celles et ceux qui se sont battus pour une société plus juste et égalitaire dont nous profitons pleinement aujourd’hui. Or, dans cette société soi-disant juste et égalitaire, justement, est-il concevable d’imaginer que vous, chers aînés, ne soyez pas valorisés davantage alors que c’est grâce à vos combats si nous avons la qualité de vie que nous connaissons aujourd’hui ? Est-ce avoir les deux pieds sur terre que de penser que votre réalité ne sera pas la nôtre, un jour ou l’autre ?

Coup du sort, une pandémie est venue exacerber cette injustice. Une conscientisation sociale face aux aînés a émergé de la COVID, et pour nous, il s’agissait d’une occasion extraordinaire pour rappeler notre mission. Car nous ne sommes plus, depuis plusieurs années maintenant, qu’une entreprise immobilière de résidences pour retraités ; Le Groupe Maurice est devenu, au fil du temps, fier porte-étendard du mieux-vieillir au Québec et dénonciateur de l’âgisme. Il n’y avait donc pas de meilleure circonstance que la fin de l’année 2020, au moment même où nous nous penchons sur une rétrospective de nos bons et moins bons coups, pour lancer à nouveau notre message. Et heureusement, vos réactions me prouvent que nous avons eu raison de le faire.

Le besoin d’en parler

Résidents, amis, employés, partenaires et même inconnus, vous m’avez écrit, abordé ou appelé pour me dire à quel point notre publicité vous avait touché. Il est vrai que de voir une jeune personnalité connue vieillir en accéléré est fascinant. Mais au-delà de cet effet technique impressionnant, le message qu’elle porte se veut introspectif : arrêtons-nous un instant, et réalisons, vraiment, intrinsèquement que nous serons tous un aîné un jour, que nous le voulions ou non.Mais cet « état » vient avec une réalité… et pouvons-nous dire, à l’heure actuelle, que cette réalité nous convient ?

Vos réactions et les commentaires massifs du public que nous avons reçus concernant cette campagne publicitaire nous ont donc prouvé la véracité du message et surtout, votre besoin d’en parler. Cette prise de conscience peut certes donner le vertige à celles et ceux pour qui cette idée n’avait jamais germé en eux. Mais à mon avis, c’est une bonne chose. N’est-il pas vrai que vous-mêmes, plus jeunes, n’aviez pas en tête qu’un jour, le « vieillesse » allait vous rattraper ? Il est dans la nature humaine de vivre pleinement, intensément, et en quelque sorte, inconscients du temps qui passe. Ne considérons-nous pas la santé, l’amitié, l’amour… la vie, comme étant quelque peu acquis ou éternels ?

Et l’âgisme ?

Nous avions donc le devoir de rappeler aux gens que ce n’est pas le cas, et que si nous désirons vieillir harmonieusement, c’est en respectant les aînés d’aujourd’hui que nous y parviendrons. Et croyez-moi, en étant aux faits de votre réalité, chers aînés, je suis bien placé pour savoir que l’âgisme n’a pas sa place dans notre société. Vous avez une si grande valeur. Il est plus que temps que la discrimination qui vous concerne cesse pour de bon.

Pour ce faire, nous devons tous faire notre part. De notre côté, nous devons marteler et marteler encore notre message, ne pas abandonner le combat contre les idées erronées qui sont véhiculées en lien avec les personnes âgées, malades ou autonomes, peu importe leur âge. Il faut parler de l’âgisme, l’expliquer, le dénoncer. Plus que jamais, il faut éduquer. Dans une société qui vénère la jeunesse et la vitesse, je pense que notre mission est de rappeler que nous serons tous, un jour, moins jeunes et moins vites. Et qu’il n’y a pas de mal à cela.

Luc Maurice