Tout savoir sur la maladie d’Alzheimer *Mise à jour 2024*
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Malgré les avancées de la science, aucun traitement ne permet actuellement de guérir la maladie d’Alzheimer. Toutefois, l’espoir demeure car la compréhension des mécanismes de ce trouble neurocognitif s’affine chaque année. Et si la clé résidait finalement dans la prévention ?
En collaboration avec Michèle Sirois, conférencière, animatrice télé et collaboratrice à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.
La différence entre démence et maladie d’Alzheimer
En vieillissant, la santé de notre cerveau devient une préoccupation importante dans notre vie. Et pour cause. Plus de 55 millions de personnes dans le monde souffrent d’un type de démence, dont la maladie d’Alzheimer, qui est la plus fréquente. Si la science peine à comprendre pleinement certains mécanismes de la maladie et à trouver un traitement, ce chiffre alarmant pourrait bien doubler tous les 20 ans.
À cet égard, il nous paraît essentiel de préciser ce que nous entendons par « démence » et la différence avec la maladie d’Alzheimer. Pour résumer, la démence est un terme-parapluie qui englobe tous les types de démence. À l’image de la pneumonie, qui peut être causée par des bactéries, des virus ou des champignons, il existe aussi plusieurs formes de démence, telles qu’Alzheimer, la démence vasculaire, celle à corps de Lewy, mixte ou frontale.
Cependant, ce terme obsolète véhicule davantage des connotations péjoratives souvent associées à la folie. Depuis plusieurs années, les milieux scientifique et médical préfèrent utiliser l’expression « trouble neurocognitif ».
Comprendre la maladie
Pour espérer un jour traiter, voire prévenir la maladie d’Alzheimer, encore faut-il comprendre comment elle se développe. À ce chapitre, la science a réalisé des avancées majeures au cours des dernières décennies.
Il est désormais établi que l’accumulation de la protéine bêta-amyloïde et les modifications de la protéine tau dans le cerveau provoquent une inflammation. Cette dernière mène alors à un déficit de neurotransmetteurs, qui sont responsables de la transmission des messages entre les neurones.
Une carence en neurotransmetteurs interrompt alors la communication entre les neurones, causant ainsi d’importants dommages cérébraux à court et à long terme.
Les chercheurs ont également découvert que les symptômes tels que les pertes de mémoire, les troubles du jugement ou du langage, apparaissent bien des années après l’apparition de la maladie. Grâce notamment à la plasticité du cerveau et à la réserve cognitive, cette affection peut ainsi rester en dormance pendant 15 à 20 ans.
Qu’est-ce que la plasticité du cerveau ?
La plasticité du cerveau désigne la capacité de ce dernier à réorganiser ses réseaux de neurones en fonction des expériences vécues. Ainsi, en cas de dysfonctionnement d’une zone du cerveau, comme lors des premiers stades de la maladie d’Alzheimer, cette plasticité (ou malléabilité) peut créer d’autres routes neuronales. La communication entre les neurones est alors maintenue.
Qu’est-ce que la réserve cognitive ?
Plus le cerveau aura été stimulé au cours de sa vie, plus il aura développé une certaine réserve cognitive. Celle-ci sera d’un grand recours lors du vieillissement normal ou en cas de fort déclin cognitif.
À la découverte d’un médicament « miracle » ?
Un obstacle à la découverte du médicament « miracle » vient du fait que le diagnostic de la maladie se pose généralement à un stade plutôt avancé, et traiter un problème de santé tardivement complique toujours la prise en charge.
S’appuyant sur ces constats, des centaines de chercheurs travaillent activement à développer un traitement capable de guérir ce trouble neurocognitif. Leurs approches varient selon plusieurs hypothèses : tandis que certains s’efforcent de dissoudre l’accumulation de protéines dans le cerveau, d’autres se concentrent sur l’arrêt de leur progression.
Bien que plusieurs pistes de recherche semblent prometteuses, aucune molécule, diète ou vaccin n’a encore permis de guérir concrètement la maladie d’Alzheimer.
Aujourd’hui, seules deux classes de médicaments sont disponibles pour les personnes atteintes de troubles neurocognitifs : les inhibiteurs de l’acétylcholinestérase et les antagonistes du récepteur glutamatergique NMDA. Leur rôle est de ralentir temporairement la progression des symptômes.
Malgré tout, ces recherches contribuent quand même à des avancées scientifiques. Elles permettent de mieux comprendre les facteurs qui favorisent ou protègent contre la maladie d’Alzheimer.
De plus, la prise en charge des personnes atteintes et de leurs proches aidants mobilise de nombreux chercheurs, professionnels de la santé mais aussi des organismes communautaires que soutient Le Groupe Maurice. En attendant le médicament ou un traitement salvateur, des approches innovantes et humaines sont mises en œuvre pour les accompagner au quotidien.
Facteurs de risque
Si certains aspects d’Alzheimer nous échappent encore, plusieurs facteurs de risque ont été identifiés, certains pouvant être modifiés par des choix de vie et des habitudes saines. Voici les principaux facteurs de risque associés à ce trouble neurodégénératif, classés en deux catégories : modifiables et non modifiables.
Facteurs de risque non modifiables
- L’âge (le risque augmente généralement après 65 ans)
- L’histoire familiale (nombre de cas dans la famille)
- La génétique (les femmes seraient plus à risque que les hommes de développer cette maladie car elles seraient porteuses d’une variante génétique APOE-e4 délétère pour le cerveau)
Facteurs de risque modifiables
- La sédentarité
- L’hypertension artérielle
- Le diabète de type 2
- L’obésité
- Le tabagisme
- La dépression
- L’isolement social
Et si la prévention était notre meilleure arme ?
Nous savons désormais quels facteurs augmentent le risque de développer l’Alzheimer. Bonne nouvelle : une grande partie d’entre eux peut être modifiée. Selon certains chercheurs, 40 % des cas de la maladie pourraient être évités grâce à une prévention adaptée !
- Faire de l’exercice régulièrement (selon le médecin, ce n’est ni l’intensité ni la durée qui est le plus important, mais la régularité des activités physiques. Ainsi, il recommandait de marcher au moins 15 minutes TOUS les jours) ;
- Continuer d’apprendre et pratiquer des loisirs stimulants (apprendre une nouvelle langue ou un instrument de musique ; faire des jeux de mémoire, des casse-têtes ; dévorer un bon livre) ;
- Prendre soin de son réseau social (donner des nouvelles, échanger avec ses proches ou des membres de la famille, demander de l’aide au besoin) ;
- Adopter une alimentation équilibrée (une alimentation riche en antioxydants, en oméga-3 et en vitamines est favorable à la santé du cerveau) ;
- Éviter les somnifères, certains analgésiques et antidépresseurs et les décongestionnants
- Ne pas fumer
- Consommer peu ou pas d’alcool. La Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées émet des recommandations plus strictes que celles d’Éduc’Alcool.
- Pour les femmes : 0 à 1 verre/jour. Pas plus de 5/semaine
- Pour les hommes : 0 à 2 verres/jour. Pas plus de 7/semaine.
Bien que la maladie d’Alzheimer demeure un mystère à bien des égards, il est essentiel de se concentrer sur ce que nous savons déjà et de se rappeler que chacun vit cette épreuve de manière unique.
La prévention, le soutien familial et les interventions médicales peuvent jouer un rôle crucial dans la gestion des symptômes et l’amélioration de la qualité de vie. Il est important de continuer à sensibiliser, à comprendre et à soutenir les personnes atteintes par la maladie, afin de leur offrir un environnement où ils se sentent respectés et accompagnés tout au long de leur parcours.